Internet et entreprises

Synthèse rapide des résultats de l'enquête menée sur le comportement stratégique et les caractéristiques environnementales des PME Internet françaises

G. Gueguen
ERFI, Université Montpellier I
Mai 2000

Cette synthèse reprend la conclusion du rapport

A l'aune de notre enquête, portant sur 103 PME Internet, 59 PME hybrides et 80 PME non Internet, nous avons pu établir des différences entre entreprises de la nouvelle économie et entreprises de l'économie classique.

En terme de caractéristiques, les PME Internet ont une taille plus réduite et sont plus jeunes (moins de 5 ans) que leurs homologues non Internet. Ces PME présentent la particularité de fournir plusieurs types d'activités à leur client (conception, hébergement, conseil, animation,...).

En ce qui concerne les caractéristiques environnementales, les PME de l'Internet connaissent significativement plus de dynamisme et de turbulences. Leur environnement apparaît comme légèrement plus complexe. Pour sa part l'économie classique présente un environnement plus incertain mais statistiquement cette différence n'est pas significative. Nous avons remarqué également que plus les acteurs environnementaux sont éloignés de la zone de contrôle de la PME (ex : Etat), plus ils sont perçus comme incertains.

Les caractéristiques stratégiques des entreprises révèlent que les PME Internet ont plus souvent tendance à utiliser deux stratégies plutôt qu'une seule et elles semblent préférer les stratégies entrepreneuriales en tant que stratégie principale (comparativement aux PME non Internet). Les PME de l'économie classique préféreront adopter une stratégie de positionnement. Il en ressort donc que les PME Internet ont tendance à adopter des stratégies volontaristes plus souvent que les PME non Internet. Cela est intéressant car ce sont ces stratégies qui se retrouvent le plus souvent chez les entreprises ayant un haut niveau de performance.

La performance mesurée montre un très net avantage aux entreprises de la nouvelle économie. La croissance du marché semble profiter largement à ces entreprises. Cependant si la performance générale est plus élevée, il n'en va pas de même pour la performance stratégique (protection à la vulnérabilité). En effet, les PME Internet apparaissent comme plus vulnérables que leurs homologues. Notons ici que plus l'entreprise est âgée, moins est grand son niveau de performance.

Des différences apparaissent entre les divers relations mesurées.

Pour les PME de la nouvelle économie, le dynamisme est lié positivement avec la performance, tandis que l'incertitude et l'âge de l'entreprise ont une liaison inverse avec ce critère de résultat. Nous avons également remarqué l'importance de la stratégie principale et du choix stratégique (volontarisme ou déterminisme) dans l'obtention du résultat.

Pour les PME de l'économie classique, complexité et dynamisme sont liés positivement avec la dimension de performance. Aucune liaison significative n'a été relevée entre la dimension organisationnelle (âge, taille,...) et la dimension de performance. Si le choix stratégique n'a pas une aussi grande importance que pour les PME de l'Internet, la stratégie principale retenue semble conditionner l'obtention du résultat.

La mise en perspective de ces résultats s'est faîte par l'intermédiaire d'une analyse en composante principale permettant de visualiser le regroupement des diverses variables illustratives.

Au final, cette analyse nous laisse penser que s'il existe des différences entre entreprises de la nouvelle économie et économie classique, elles ne sont pas suffisamment fortes pour justifier une dichotomie si prononcée. Le secteur de l'Internet s'apparente aux environnement fortement volatiles composés d'un haut niveau de dynamisme et de turbulence (high velocity). De ce fait, notre réflexion nous pousse à penser que les outils du management stratégique dédiés à ces environnements sont parfaitement adaptés à la "nouvelle économie". Si on peut "s'extasier" sur les montants de leur introduction sur les marchés financiers, on ne pourra pour autant prétexter la nécessité absolue d'une nouvelle école de pensée pour la gestion des entreprises de l'Internet.